mercredi 20 juin 2012

A la découverte de Coulommiers-Voisins (en jet privé?)


Le troisième opus de la collection "Aérodromes" publié par l'association Anciens Aérodromes, vient de paraître! Comme c'était déjà le cas pour le volume 2 consacré à Merville-Calonne que je vous avais présenté ici même, ce nouveau numéro couvre également l'histoire d'un aérodrome à la "physionomie otanienne", puisqu'il s'agit de l'ancienne base de Coulommiers-Voisins.

Cette étude de 64 pages commence par les origines de l'aviation à Coulommiers, avec la présentation du terrain originel de "La Croix Blanche", à Boissy-le-Châtel, utilisé dès 1934. En pleine période de l'Aviation populaire, ce terrain connaît un essor rapide et devient finalement trop petit pour étancher la soif de l'air briarde. C'est donc en 1937 que l'aérodrome officiel de Coulommiers déménage à 5 kilomètres au Nord-Ouest de la ville pour devenir l'aérodrome de Coulommiers-Voisins.

Rapidement, la Seconde Guerre mondiale éclate et l'Aviation populaire devient l'Aviation Prémilitaire. Le terrain est alors utilisé momentanément par des appareils anglais. Puis, lors de la débâcle de mai-juin 1940, avec le repli des unités basées dans l'Est, Coulommiers accueille les Morane-Saulnier MS406 des GC III/6 et III/7. Sévèrement bombardé, le terrain est abandonné à la Luftwaffe qui va modifier en profondeur sa physionomie...

Coulommiers-Voisins en 1951 .
© IGN
L'équipe de rédaction a eu la bonne idée d'intégrer des photos aériennes verticales correspondant aux différents "âges" de l'aérodrome, permettant de bien visualiser l'évolution du terrain. Ainsi, la photo de 1951 nous montre l'organisation des deux pistes et des aires de dispersion bétonnées construites par les Allemands. Depuis Coulommiers, la Luftwaffe met en oeuvre des bombardiers Junkers Ju-88 et Dornier Do 217, puis des chasseurs Focke-Wulf 190. C'est finalement une escadre de chasse de nuit équpée de Messerschmitt Bf 110 qui prend possession du terrain, avant d'en être délogée par les bombardement alliés d'août 1944 qui laisseront la place libre pour les avions de l'US Army Air Force puis de la RAF. 
Les singuliers P-61 Black Widows du 425th Night Fighter Squadron et les bombardiers du 410th Bomb Group light, entre autres, succèdent ainsi aux appareils du IIIe Reich.

Coulommiers-Voisins en 1961. Deux marguerites type
OTAN ont "fleuri" au Nord-Ouest de la base.
© IGN
Après guerre, la création de l'OTAN et de son vaste réseau de bases aériennes et de terrains de desserrement va encore une fois modifier profondément l'allure du terrain qui est retenu pour servir de base de dispersion. Deux marguerite "fleurissent" donc au Nord-Ouest du terrain, ce qui lui donne une allure aussi caractéristique qu'inhabituelle pour une base OTAN, puisque le standard implique plutôt la construction de trois marguerites. En pratique, le rôle attribué à la base de Coulommiers n'est pas clairement établi, si ce n'est que le terrain est clairement destiné à l'usage de l'Armée de l'Air, comme l'indique un plan d'époque reproduit page 49. On pourrait penser que la "relative proximité" de la BA 110 de Creil voue Coulommiers à servir de terrain de desserrement pour la 10e Escadre de Chasse, mais rien ne vient étayer cette hypothèse dans cette étude. Il semble en revanche que le terrain ait servi au desserrement des Vampire de la 2e EC de Dijon...
Comme souvent malheureusement pour ces  bases de dispersion (DOB)  OTAN, il n'y a pas grand chose à raconter sur la période 1950-60 et les archives et photos des rares manœuvres y ayant eu lieu sont quasiment inexistantes. Ces terrains étaient surtout censés servir en cas de conflit, il convient donc de se réjouir qu'ils n'aient jamais eu besoin de faire leurs preuves sur le plan opérationnel... 

Coulommiers-Voisins de nos jours .
© Google Earth
Avec de telles infrastructures, Coulommiers-Voisins fut un temps évoqué servir d'aéroport parisien. Mais l'extension de l'aéroport d'Orly enterrera définitivement ce projet, et l'aérodrome briard ne sera finalement réinvesti que par l'aviation de loisirs*, avec la présence sur le terrain de l'Aéro-Club de Coulommiers et de la Brie (ACCB) jusqu'à nos jours. L'étude se termine sur un album photo de vestiges des différentes époques de la base. Cet album aurait gagné à être complété d'une carte légendée permettant de situer chaque cliché sur l'aérodrome. De même, on regrette un peu que le dernier cliché aérien du terrain (photo IGN de 2003) n'ait pas été mis en page dans le respect des conventions cartographiques (Nord en haut) comme c'était le cas pour les précédentes vues, ce qui aurait permis de comparer encore plus facilement l'évolution du terrain.

Il convient une fois encore de saluer l'initiative de l'association Anciens Aérodromes visant à publier de petits livres d'études historiques sur les terrains d'aviation. Ce format se prête d'ailleurs tout à fait bien aux anciennes DOB OTAN, sur lesquelles il n'y a pas grand chose à raconter pour les décennies 50-60, mais dont l'histoire mérite souvent d'être racontée pour la période 1930-1945, les DOB ayant souvent été construites sur d'anciens terrains d'aviations alliés utilisés durant la Seconde Guerre mondiale. 

Enfin, pour découvrir ou redécouvrir l'aérodrome de Coulommiers-Voisins, quelle meilleur complément à la lecture de ce livre que de se rendre sur le terrain pour une phase de travaux pratiques? L'occasion est toute trouvée puisque le dimanche 16 septembre prochain s'y tiendra le "Meeting Aérien de France", en présence de la patrouille du même nom...

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COULOMMIERS-VOISINS
Collection "Aérodromes" 
Prix : 8 euro par exemplaire (+ frais de port 2,50 euro)
- Commande possible par courrier au siége de l’association :
Anciens Aérodromes :
Base Eolys, aérodrome de Merville-Calonne, 
rue de l’Epinette, 
62136 Lestrem.

- Commande également possible par Internet (Paypal) via le site de l’association : cliquez ici.

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* La situation de l'aérodrome de Coulommiers-Voisins pourrait toutefois évoluer prochainement, dans le cadre d'un ambitieux projet du promoteur Eric Magistrello qui souhaite faire de Coulommiers un aéroport d'affaires destiné aux clients fortunés voulant faire atterrir leur jet privé au plus près de Disneyland ou des hôtels de luxe en projet sur des domaines à proximité immédiate de la cité briarde. Affaire à suivre! Pour en savoir plus, cliquez ici.

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