mercredi 3 novembre 2010

La bible du F-100 Super Sabre...


... sous couleurs françaises vient de paraître!

Et ça tombe bien! Car, ça ne vous aura pas échappé, voilà quelques semaines que la pluie et les nuages gris et bas s'invitent durablement dans nos cieux, qu'il fait nuit en plein jour et que le thermomètre  baisse graduellement. Pas de doute, on aborde la période d'hivernage où les soirées qui s'allongent et les weeks-ends pluvieux ne sont plus guère propices à sortir faire de grandes balades...

C'est donc le moment idéal pour se lancer dans la lecture d'un livre passionnant et bien fait, richement illustré et dont le nombre de pages nous garantit d'avoir de la matière pour un bon bout de temps (dans un mois et demi, l'hiver ne fera que commencer officiellement, ne l'oublions pas!). Sinon, pour ceux qui auraient encore des travaux à faire au jardin pour le moment, sachez anticiper : dans quelques semaines, le froid se fera plus rude, et les fêtes de fin d'années approchant, voilà donc assurément un cadeau à se faire offrir (ou, à défaut, à s'offrir!).

Mais venons en aux faits : le F-100 Super Sabre en service dans l'armée de l'air! Il s'agit donc des versions D (bombardement atomique entre autres ) et F (biplace)... Tout un programme!
Pourquoi vous en parler dans ce blog? Les raisons sont multiples!
D'abord, les F-100 français furent intégrés à l'inventaire de l'Armée de l'Air dans le cadre du Military Assistance Program (MAP), partie émergée de l'iceberg qu'était la doctrine américaine de containment et matérialisation militaire de l'alliance Atlantique.

De plus, pendant la guerre froide, les jets de l'US Air Force étaient rapidement remplacés par de nouveaux appareils plus performants. S'ils étaient jugés obsolètes pour l'USAF, leur potentiel restait souvent réel, voire important. Ils étaient alors cédés, soit aux unités de l'Air National Guard (force aérienne de réserve des Etats-Unis), soit aux nations alliées, dans le cadre du MAP, justement. C'est dans ces conditions que des F-100 Super Sabre appartenant jadis au 48th Tactical Fighter Wing (TFW) de Chaumont (52), ou au 49th TFW d'Etain (55) par exemple, se retrouvèrent sous cocardes françaises, aux mains de pilotes et de mécaniciens de l'Armée de l'Air tandis que les unités américaines percevaient respectivement des F-4 Phantom et des F-105 Thunderchief.

Ces quatre F-100 évoluaient précédemment sous couleurs américaines,
depuis les bases d'Etain et de Chaumont.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Chargés de la pénétration nucléaire à une époque où la France n'était pas encore autonome dans ce domaine, les F-100 de l'Armée de l'Air étaient alors dotés d'armes atomiques américaines, sous contrôle de l'armée des Etats-Unis. Rappelons qu'en 1958, les armes atomiques nécessaires aux unités tactiques américaines basées en France (Chaumont, Etain et Toul-Rosières) avaient été interdites dans l'Hexagone par le général de Gaulle, puisque les Américains ne daignaient pas, selon les voeux du Président du Conseil, en laisser le contrôle aux autorités françaises. Le résultat fut la migration en Allemagne des trois escadres tactiques américaines basées en France (48th, 49th et 50th TFW). Ainsi, la souveraineté nationale semblait-elle respectée.
Or, une des conséquences pour le moins cocasse de cette politique fut que les F-100 français, dotés de bombes américaines,  durent eux aussi quitter l'Hexagone pour opérer depuis l'Allemagne (bases aériennes françaises de Lahr et Bremgarten), au moins jusqu'à l'indépendance nucléaire française, représentant une autre facette de l'histoire des aviations de l'OTAN au cours de la guerre froide....

Enfin, à l'instar de tous les appareils d'origine américaine évoluant en Europe (que ce soit au sein de l'USAFE comme des forces aériennes des pays membres de l'OTAN), les F-100 français étaient entretenus au départ par le Central Air Material Area, Europe (CAMAE), au Châteauroux Air Depot, avant la fermeture de la base américaine de Châteauroux-Déols*. On disait alors qu'on envoyait les avions en IRAN (pour Inspect and Repair As Necessary).

Quoi qu'il en soit, si l'aviation militaire, et notamment les "lampes à souder" vous intéressent, voilà de quoi vous "en payer une bonne tranche". Superbement illustré et détaillé, à l'instar des opus de la série sur le Mirage III qu'Eric Moreau avait déjà co-écrite, bien conçu et d'une fabrication à la hauteur du temps et de l'énergie investie dans ce projet, ce livre est un must! Seul petit bémol : une relecture sans doute un brin rapide a laissé passer d'assez fréquentes fautes d'orthographe... c'est toujours regrettable, surtout dans le cadre d'une véritable "bible" comme c'est le cas ici. Il est vrai que de nos jours, les lecteurs y deviennent de moins en moins sensibles, c'est regrettable... Jean-Pierre Calka quant à lui avait récemment co-signé le très bel historique de la BA 112 de Reims dont je vous avais parlé ici-même. Et si malgré ces garanties vous deviez encore hésiter, jetez un coup d'oeil à la recension de ce livre par l'Aérobibliothèque!

* le CAMAE sous-traitait alors en partie la maintenance avec le consortium AEMCO-Breguet, puis avec  la SERIMA (Société d'Entretien et de Réparation Industrielle de Matériel Aéronautique) qui continua encore l'entretien des appareils américains aux couleurs françaises après la fermeture de la base de l'US Air Force.
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F-100D/F Super Sabre en service dans l'Armée de l'Air
par Jean-Pierre Calka et Eric Moreau
Eric Moreau autoédition
Voir le site des auteurs & COMMANDER
ISBN 978-2-9537514-0-6
70 €

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